Cette section traite de tes droits et responsabilités lorsque tu reçois des soins médicaux et que tu interagis avec des professionnelles de la santé. Tu y trouveras, entre autres, de l’information sur les assurances, la contraception et l’accès à tes dossiers médicaux.
Ce sont les médecins, les infirmières, les dentistes, les psychologues, les psychiatres, etc. Le système de santé peut parfois paraître complexe et même un peu menaçant pour une personne de ton âge. Il englobe tout ce qui est exécuté ou prescrit par une professionnelle de la santé pour traiter ou diagnostiquer une condition physique ou mentale.
Tu as le droit de consulter une professionnelle de la santé sans être accompagnée. Tu peux voir une professionnelle sans la participation de tes parents ou tuteurs. Tu peux permettre à d’autres personnes de t’accompagner à ton rendez-vous. Cela peut néanmoins changer si tu te retrouves en situation d’urgence lorsque tu es incapable de parler ou de donner ta permission (si tu es « inapte »). Tu dois être en mesure de comprendre l’information sur les traitements proposés et de prendre des décisions basées sur cette information. Par exemple, ton médecin doit estimer que tu es capable de gérer l’information donnée et de prendre les décisions concernant, entre autres, les médicaments qu’elle souhaite te prescrire. Elle pourrait juger que tu as besoin de davantage de soutien si l’information et les choix à faire sont plus délicats. Si on doit t’opérer, par exemple, elle pourrait vouloir que tu sois accompagnée. Si tu es sous la responsabilité des services de protection de l’enfance et que tu as plus de 12 ans, tu n’as besoin de permission pour consulter une professionnelle de la santé.
Il est quelques fois gênant de discuter d’un sujet délicat. Cela ne devrait jamais t’empêcher de faire appel à une professionnelle de la santé. Il est de son devoir de t’offrir son aide et ses conseils. De plus, ton médecin peut fort bien avoir aidé quelqu’un aux prises avec les mêmes problèmes que toi. Elle ne rira pas de toi parce que tu lui poses des questions, même si ces dernières traitent de problèmes intimes. Ton médecin pourrait être la personne à même de t’aider à régler tes ennuis de santé et à choisir la meilleure démarche.
Un médecin ou tout autre professionnelle de la santé n’est pas autorisée à divulguer de l’information, quelle qu’elle soit, à une autre personne sans ta permission, même à tes parents. Tu devrais toujours donner ton autorisation à l’aide de ce qu’on appelle un formulaire de consentement. Ce formulaire désigne clairement l’information que tu souhaites partager, et avec qui tu souhaites la partager. Si tu es sous la responsabilité des services de protection à l’enfance, sans ta permission, une professionnelle de la santé n’est pas autorisée à divulguer quoi que ce soit à quiconque, même à ton parent d’accueil ou à ta travailleuse sociale.
Les professionnelles (médecins, travailleuses sociales, thérapeutes, infirmières, etc.) qui travaillent auprès de jeunes de moins de 16 ans sont toutefois tenus de signaler tout soupçon raisonnable de préjudice. Elles doivent faire un signalement si elles estiment que tu as besoin de protection. Si tu as moins de 16 ans et que tu dis à ta thérapeute que tu subis de la violence ou de la négligence, elle est tenue d’effectuer un signalement.
Tu as le droit d’avoir accès à tes dossiers médicaux. Personne ne peut consulter tes dossiers médicaux sans ton consentement. Tes dossiers médicaux désignent tous les documents (notes, lettres, rapports) écrits par une professionnelle de la santé à propos de toi et de tes antécédents médicaux. Dans certains cas, une professionnelle peut décider de ne pas t’y donner accès si elle juge que la lecture de tes dossiers médicaux risque de te nuire. Les services de protection à l’enfance — tels que le Directeur de la protection de la jeunesse (au Québec) ou la Société d’aide à l’enfance – peuvent prendre une telle décision.
Oui. En cas d’une urgence médicale ou si tu es blessée ou prise de douleurs, rends-toi immédiatement à l’hôpital. On ne refusera jamais de te prodiguer des soins, même si tu n’as pas d’assurance.
Si tu t’interroges sur un traitement médical, tu as le droit de poser des questions… beaucoup de questions! Ton accord ou ton refus sur les différents plans de soins et traitements proposés doit être libre et éclairé. Si tu crains d’oublier de poser certaines questions, prends-les en note. Tu pourras te référer à cette liste pendant la consultation. Il y a certaines choses que la professionnelle de la santé devrait t’expliquer sur le traitement :
- en quoi consiste le traitement
- ses effets secondaires possibles
- son utilité
- d’autres possibilités et alternatives
- comment le traitement t’aidera
- les conséquences possibles de ne pas suivre le traitement
- les risques encourus avec celui-ci
Tu peux toujours changer d’avis après avoir donné ton consentement. En tout temps, il est possible de retirer ton consentement. Avise ta professionnelle de la santé que tu ne veux plus recevoir ce traitement. Il pourrait aussi t’être utile d’écrire une courte note indiquant que tu ne veux plus poursuivre le traitement, en y apposant la date et ta signature.
Si tu es jugée « inapte », cela pourrait avoir un impact sur tes droits. La professionnelle de la santé serait alors responsable de déterminer si tu es capable de saisir pleinement la situation à laquelle tu es confrontée. Elle voudra savoir si tu comprends le traitement et les conséquences possibles de ne pas y consentir. Tu as le droit de contester cette décision. Quoi qu’il en soit, si elle t’estime « inapte », une professionnelle de la santé ne peut pas prendre les décisions à ta place. Tu auras besoin de l’aide d’une mandataire spéciale (une personne qui décidera pour toi). Cette mandataire spéciale devra prendre tes souhaits en considération et agir dans ton intérêt, tout en s’assurant que ses décisions correspondront à tes valeurs et à tes croyances. Il s’agit souvent d’un parent ou d’un tuteur, mais la mandataire spéciale pourrait également être :
- ton avocate nommé par la cour;
- ton procureure au soin de la personne;
- une personne nommée par la Commission du consentement et de la capacité;
- les services de protection de l’enfance ou toute personne agissant à titre de parent ou tuteur;
- ton parent, même s’il n’a que des droits de sortie;
- ta sœur ou ton frère de 16 ans ou plus;
- tout autre membre de ta famille;
- le tuteur et curateur public.
Tes droits en rapport aux soins de santé mentale sont également très importants. Si tu es suicidaire ou si tu as besoin d’une aide immédiate en ce qui a trait à un problème de santé mentale, tu peux prendre la décision de te rendre toi-même à l’hôpital. Le personnel de l’hôpital a cependant le dernier mot. Il ne te prendra en charge que s’il estime que tu as besoin de son aide.
À n’importe quel âge, certaines lois nous protègent lorsqu’on est en mauvaise santé mentale. Si une personne (un médecin, une enseignante, une policière, une amie ou un membre de la famille) pense que tu es dangereuse pour toi-même ou pour les autres, on peut t’admettre dans un établissement psychiatrique. C’est l’endroit où on traite les personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Si quelqu’un s’inquiète parce que tu ne sembles plus être capable de prendre soin de toi, on peut aussi t’admettre dans un établissement psychiatrique. Par exemple, si tu marches en plein hiver à l’extérieur, en short et sans chaussures, si tu erres au beau milieu de la rue, si tu ne te nourris pas, si tu te fais vomir, etc. Quand on hospitalise quelqu’un pour cette raison, on parle alors de « patiente involontaire ». Si une personne entre volontairement à l’hôpital, elle peut le quitter à tout moment. Si tu es une patiente involontaire, tu dois rester à l’hôpital jusqu’à ce que :
- ton médecin te donne la permission de partir;
- la Commission du consentement et de la capacité autorise ton départ;
- le formulaire d’admission expire et qu’ainsi, tu ne sois plus une patiente involontaire.
Tu peux parler de ta santé mentale avec ton médecin. Elle t’aidera à t’aiguiller vers les diverses options qui s’offrent à toi, comme la thérapie ou la thérapie de groupe, par exemple.
Oui. Tu peux aller dans une clinique de santé sexuelle (ou CLSC au Québec) si tu as moins de 18 ans. Les professionnelles de la santé qui y travaillent peuvent te donner beaucoup d’information sur les pratiques sexuelles sûres et sont aptes à répondre à toutes tes questions. Les pratiques sexuelles sûres, comme la contraception, sont importantes dans la prévention des grossesses non planifiées. Elles sont essentielles pour te protéger contre les infections transmissibles sexuellement (ITS) et les maladies. Il est possible d’obtenir certains dispositifs contraceptifs, comme des condoms, à n’importe quel âge. Certains moyens contraceptifs font également appel à des hormones, la pilule anticonceptionnelle, par exemple. Tu dois déjà avoir tes règles avant de pouvoir en utiliser.
Tu peux te faire prescrire un contraceptif auprès d’un médecin ou dans une clinique de santé sexuelle. Quelques cliniques sans rendez-vous offrent aussi ce service, mais il vaut mieux t’en informer à l’avance. Si tu es bénéficiaire d’un régime d’assurance maladie ou si tu es couverte par le régime de tes parents ou tuteurs, le contraceptif pourrait être gratuit ou moins cher. De plus, certaines cliniques de santé sexuelle offrent des contraceptifs à un moindre coût qu’en pharmacie.
N’importe qui peut se procurer un contraceptif d’urgence tel que PlanB (même si l’emballage indique qu’il faut avoir plus de 17 ans pour l’utiliser) sans avoir à dévoiler son identité. Tu peux te procurer PlanB à ta pharmacie sans avoir une prescription. Parfois, certaines cliniques de santé sexuelle l’offrent à un meilleur prix.
Quelques dispositifs contraceptifs comme les dispositifs intra-utérins (DIU) doivent être insérés par un médecin et peuvent nécessiter un examen pelvien externe. Un médecin pourrait également t’exiger de passer un test Pap avant de te prescrire un contraceptif hormonal.
Tu n’as pas besoin de l’autorisation de tes parents ou tuteurs pour obtenir un contraceptif. Une professionnelle ou une travailleuse de la santé n’a même pas le droit de dire à tes parents ou tuteurs que tu es passée à la clinique sans avoir eu ton consentement.
Un test Pap permet de vérifier que les cellules du col de l’utérus d’une personne (l’entrée de l’utérus) sont saines. Tu mérites d’être traitée avec respect et sans jugement durant tout le processus. Cela signifie que tu as le droit de dire « oui » ou « non » à tout traitement. Tu peux donc demander au médecin d’aller moins vite, d’utiliser un outil de taille différente ou de prendre plus de lubrifiant. Tu peux aussi lui demander d’arrêter.
Oui. Il est possible de poser certaines questions afin de savoir s’il est respectueux des personnes trans* :
- Avez-vous déjà travaillé avec de jeunes transgenres ou non binaires? Même si c’est nouveau pour certaines personnes, cela ne veut pas dire que celles-ci ne seront pas ouvertes à apprendre.
- Si je sens que mon genre ne correspond pas à qui je suis réellement? Écoute ses réponses, et demande-toi si tu es à l’aise avec celles-ci. Essaie-t-elle de t’aider ou est-elle en train de promouvoir les rôles sexuels traditionnels? Il ne faut pas que tu aies l’impression de devoir argumenter. Tu peux toujours te retirer de la situation ou, si tu en es à l’aise, offrir à la professionnelle de la mettre en contact avec des ressources.
Si tu ne t’identifies pas comme une femme, ou si tu as tes propres mots pour définir les parties de ton corps, fais-le savoir à ta professionnelle de la santé. Tu as le droit que l’on s’adresse à toi de la bonne manière et d’une façon inclusive qui reflète ton identité de genre.
L’avortement est la méthode la plus sûre de mettre un terme à une grossesse. Au Canada, l’avortement est légal. Dès l’âge de 14 ans et jusqu’à la majorité (18 ou 19 ans selon la province ou le territoire, voir le tableau Âge de la majorité), tu peux te faire avorter sans l’autorisation de tes parents ou tuteurs et sans qu’ils soient mis au courant. Certains médecins peuvent avoir leurs propres règles sur l’âge que tu dois avoir pour te faire avorter sans le consentement de tes parents. Il est donc important de faire des vérifications à l’avance.
Oui, et cela peut être très enrichissant. Cependant, le fait d’être parent s’accompagne de grandes responsabilités. Il y a de nombreux éléments à considérer avant de décider de garder un enfant.
La parentalité vient avec énormément de responsabilités et nécessite beaucoup de travail, surtout lorsqu’on est jeune. Voici quelques éléments à considérer avant de prendre ta décision.
- Le soutien : le soutien social, moral et financier de membres de la famille ou d’amies proches peut être bien utile pour de jeunes parents.
- L’argent : élever un enfant coûte cher et peut diminuer tes chances de trouver un emploi.
- L’éducation : même si ce n’est pas impossible, il pourrait t’être difficile de terminer tes études tout en prenant soin de ton enfant.
- Les buts : étant donné qu’élever un enfant coûte cher et constitue un emploi à temps plein, de nombreux jeunes parents doivent mettre leurs buts de côté, et, quelques fois, la réalité est telle qu’ils ne les réaliseront jamais.
- Le style de vie : la parentalité requiert beaucoup d’ajustements au style de vie. Cela a souvent pour conséquence un passage à l’âge adulte accéléré auquel certaines personnes ne sont pas prêtes.
L’adoption désigne le processus qui fait qu’un enfant intègre de façon permanente une famille autre que celle de ses parents biologiques. Si tu es mineure, le consentement de tes parents ou tuteurs n’est pas requis pour confier ton enfant en adoption. Tu as le droit de confier ton enfant en adoption et tu n’as pas besoin de la permission de quiconque pour le faire. Les parents qui sont mineurs ont les mêmes droits et responsabilités que les parents qui sont majeurs. Même si les parents étaient mineurs lorsqu’ils ont choisi de confier leur enfant en adoption, cette décision est irréversible. La personne ou l’agence qui t’aide à organiser l’adoption doit te laisser obtenir de l’information et des conseils juridiques avant de te faire signer quoi que ce soit.
Si tu as moins de 18 ans, il y a certaines choses à considérer :
- Il est illégal pour un parent biologique, ou pour quiconque, de recevoir de l’argent, peu importe la manière, quand celui-ci confie son enfant en adoption.
- Il existe différents types d’adoption selon si on veut garder contact ou non avec l’enfant.
- Tu ne peux pas simplement confier ton enfant à une autre personne sans passer par un processus d’adoption.
Tu dois enregistrer la naissance de ton enfant dans les 30 jours après celle-ci. En présence d’une avocate, la mère et le père biologiques doivent signer un formulaire qui consent à ce que l’enfant soit confié en adoption 8 jours après sa naissance. Si tu ne connais pas l’identité du père, s’il ne fait pas partie de ta vie ou si tu es tombée enceinte à la suite d’une agression sexuelle, tu peux demander à un tribunal de retirer les droits du père, puis l’adoption pourra avoir lieu.
Quand on place son enfant en adoption, le processus peut prendre plusieurs formes :
Adoption ouverte
Tu pourras partager de l’information avec les parents adoptifs de l’enfant avant l’adoption, garder contact avec eux et même poursuivre cette relation durant toute la vie de l’enfant.
Adoption semi-ouverte
Tu n’auras aucun contact direct avec l’enfant ou sa famille adoptive, mais tu pourras recevoir des informations sur lui par l’intermédiaire de cartes, de photos, de lettres, de courriels, etc.
Adoption fermée
On l’appelle aussi « adoption confidentielle ». Tu n’auras aucun contact avec l’enfant ou sa famille adoptive.