Quand on entend le terme « relation », on pense souvent aux relations amoureuses, mais il existe en fait toutes sortes de relations. Tu entretiens des relations avec tes amies, les membres de ta famille, des enseignantes, des entraîneuses et des personnes à l’école et au travail. Le problème, c’est que ces relations deviennent parfois malsaines. Il est important que tu connaisses tes droits quant aux relations que tu as avec les autres. Cette section comprend de l’information sur l’intimidation, les fréquentations amoureuses, la violence et le consentement.
L’intimidation est un exemple de ce qui peut se passer dans une relation malsaine. On parle d’intimidation quand une personne s’en prend verbalement ou physiquement à une autre de façon volontaire et continue. L’intimidation peut se passer seulement entre deux personnes, mais elle peut aussi se manifester dans des groupes. Comme tout autre type d’abus, il existe différents types d’intimidation :
Physique
Utiliser son corps ou des objets pour faire du mal à autrui.
Exemples : Cracher sur quelqu’un, la frapper, lui donner des coups de poing, des coups de pied ou endommager ses effets personnels.
Verbale
Employer des mots pour blesser autrui.
Exemples : Insulter, rabaisser, menacer une personne ou se moquer d’elle.
Sociale
Utiliser ses ami(e)s et ses relations pour faire du mal à autrui.
Exemples : Répandre des rumeurs sur une personne, parler dans son dos, l’exclure d’un groupe ou la faire paraître idiote ou ridicule.
Virtuelle
Se servir d’outils de communication (Internet, réseaux sociaux, textos, etc.) pour harceler ou intimider autrui.
Exemples : Envoyer des courriels, textos, messages mesquins ou menaçants à une personne, publier des photos embarrassantes d’elle ou créer un site Internet ou un faux profil pour rire d’elle.
Non seulement l’intimidation peut-être très éprouvante pour la victime, mais ce comportement peut entraîner des répercussions juridiques. Certaines pratiques sont illégales, dont :
- les menaces de mort ou de blessure, en personne ou en ligne;
- le harcèlement criminel (l’intimidation répétée faisant craindre pour la sécurité de quelqu’un);
- la distribution d’images sans le consentement du sujet de la photo;
- les agressions (pousser, faire trébucher, gifler, frapper, cracher sur quelqu’un, etc.).
Si toi ou une connaissance subissez de l’intimidation, tu peux aller te confier à un adulte de confiance afin qu’elle puisse t’aider à entreprendre de possibles démarches. Tu peux parler à quelqu’un comme une enseignante ou directrice qui pourra établir avec toi des moyens d’aborder le problème et de le résoudre.
Il n’est pas rare pour une personne d’en fréquenter une autre plus vieille ou plus jeune de quelques années. Parfois, la différence d’âge n’est pas très importante. Au Canada, des règles protègent les jeunes personnes de l’exploitation sexuelle. Légalement, les adolescent(e)s ont le droit d’avoir des rapports sexuels avec d’autres adolescent(e)s d’âge similaire. Les choses peuvent devenir inconfortables quand l’écart d’âge se creuse. Même si deux personnes consentent à avoir des rapports sexuels ensemble, la plus âgée peut faire l’objet d’accusations criminelles.
Quand la différence d’âge dépasse quelques années, il y a plus de choses à considérer. Sans compter les questions sur le plan émotionnel et physique, le fait de fréquenter une personne beaucoup plus âgée soulève d’importants problèmes juridiques. Par exemple, il est illégal pour une personne de 15 ans d’avoir des rapports sexuels avec quelqu’un de plus de 20 ans. Il en va de même pour une adolescente de 13 ans qui aurait des rapports sexuels avec toute personne de plus de 15 ans.
Tu as le droit d’être traitée de manière respectueuse et égalitaire. Si tu es en relation avec quelqu’un de beaucoup plus vieux, tu dois prendre certaines choses en considération. Pose-toi les questions suivantes :
- Suis-je dans une relation respectueuse et égalitaire?
- Quelles sont les intentions et les raisons derrière le fait de vouloir fréquenter des personnes plus jeunes ou plus vieilles?
- Partageons-nous les mêmes intérêts?
Le consentement est l’une des choses les plus importantes à considérer lorsqu’on est active sexuellement. Le consentement aux rapports sexuels doit être exprimé librement. Dans certaines situations, une personne ne peut pas donner son consentement. Un consentement ne peut pas être exprimé par quelqu’un qui n’a pas l’âge de consentement (moins de 16 ans au Canada) ni par une personne inconsciente, intoxiquée ou que l’on juge incapable de donner son consentement.
Informé
Les deux partenaires doivent connaître toutes les activités concernées et les risques qui y sont associés (par exemple, les infections transmises sexuellement [ITS] comme l’herpès).
Enthousiaste
Votre partenaire et toi devriez tous deux vouloir participer. Si l’un de vous deux est moins enthousiaste que l’autre, il vaudrait mieux vous arrêter et réévaluer la situation.
Continu
Le consentement à un acte ne s’applique qu’à ce dernier et non aux autres qui pourraient suivre. Par exemple, le fait d’embrasser quelqu’un ne signifie pas qu’on accepte que les choses aillent plus loin. Votre partenaire et toi devriez toujours rester attentifs l’un à l’autre. À tout moment, tu peux retirer ton consentement, que ce soit par la parole ou les gestes.
Sans contrainte
Ton consentement et celui de votre partenaire ne devraient pas être donnés dans la peur, l’inconfort ou sous la pression. Par exemple, demander à répétition à une personne de faire quelque chose jusqu’à ce qu’elle cède n’est pas recevoir son consentement.
Au Canada, tu dois avoir au moins 16 ans pour donner ton consentement à des rapports sexuels. Dans certaines situations, cette règle diffère quelque peu. Par exemple :
- Si tu as 12 ou 13 ans, tu peux consentir à un rapport sexuel avec une personne de moins de 2 ans ton aînée.
- Si tu as 14 ou 15 ans, tu peux consentir à un rapport sexuel avec une personne de moins de 5 ans ton aînée.
- Si tu as moins de 18 ans, tu ne peux pas consentir à un rapport sexuel avec une personne en position d’autorité.
Voici quelques exemples de personnes en position d’autorité :
- un(e) enseignant(e)
- un(e) gardien(ne)
- un(e) entraîneur(euse)
- une autorité religieuse
- un(e) avocat(e)
- un(e) moniteur(trice) de camp
- un membre de ta famille
- un(e) professionnel(le) de la santé
Si tu as l’âge de consentement (16 ans au Canada), ils ne peuvent pas t’en empêcher. Toutefois, ils ont le droit d’imposer des conséquences si tu ne respectes pas les règles de la maison. Si tu vis sous leur toit, ils peuvent te punir ou instaurer un couvre-feu. Ils peuvent t’empêcher de voir la personne ou même te mettre à la porte (seulement si tu as atteint l’âge de la majorité dans ta province ou ton territoire, voir le tableau Âge de la majorité). Si tu ne résides pas à ton domicile familial, tes parents ou tuteurs pourraient couper les liens ou arrêter de te soutenir financièrement. Si tu as moins de 16 ans, ils peuvent alerter la police et tenter de faire accuser ton partenaire. Même si c’est parfois difficile, il est souvent préférable de trouver une manière de parler à ses parents. Cela pourrait les aider à comprendre ce que tu ressens. Tu peux les laisser savoir que tu agis de façon responsable et sécuritaire. Pour plus d’information sur les rapports sexuels protégés et sur tes droits, consulte la section Santé de ce guide.
Au Canada, le mariage forcé est illégal. Si tu as moins de 16 ans et que tes parents te forcent à marier quelqu’un, parles-en à un adulte de confiance. Demande-la de t’aider. Si tu crains que tes parents ne t’envoient à l’extérieur du Canada pour te marier de force à quelqu’un, adresse-toi immédiatement à un adulte de confiance.
Tu as le droit de te sentir à l’aise et en sécurité dans une relation. Dans toute relation, il est important d’être attentive à certains signes :
Blessure ou bris
Si ton partenaire te pousse, te frappe, t’insulte ou brise des objets quand il ou elle est fâché(e).
Contrôle
Si ton partenaire te dit quoi faire, quoi porter et qui fréquenter. S’il ou elle prend continuellement de tes nouvelles ou s’il ou elle te fait des menaces (par exemple, de te blesser ou de se blesser lui-même) pour t’obliger à faire certaines choses ou à te comporter d’une certaine manière.
Humiliation
Si ton partenaire te traite de tous les noms, te rabaisse volontairement ou te fait sentir mal devant les autres.
Imprévisibilité
Si tu ne sais pas ce qui provoquera la colère de ton partenaire, et que tu as l’impression de marcher sur des œufs.
Pression
Si ton partenaire te pousse à faire des choses sans que tu le veuilles ou sans que tu sois prête, comme te forcer à avoir des rapports sexuels ou à consommer de l’alcool ou des drogues. S’il ou elle ne respecte pas ton refus ou te fait des menaces ou te pose des ultimatums.
La traque arrive souvent quand une personne veut en contrôler une autre ou la dominer. Le harcèlement peut prendre diverses formes. La personne pourrait :
- t’appeler continuellement sur ton cellulaire;
- utiliser Internet, la messagerie texte ou tout autre outil électronique pour te joindre à répétition, surtout si les messages sont menaçants ou agressants;
- t’attendre en dehors de ta salle de classe, près de ton casier, de ta maison ou de ton lieu de travail;
- te suivre partout où tu vas;
- t’envoyer des cadeaux dont tu ne veux pas.
Oui. Les actes de traque sévère sont illégaux. On parle alors de harcèlement criminel. Malheureusement, il n’existe pas de définition précise de la traque sévère, car le contexte y joue souvent pour beaucoup. Généralement, la traque consiste en des gestes répétés qui finissent pas te faire peur.
Par exemple :
- Un soir, si tu te fais suivre dans la rue par un étranger, tu peux avoir peur, mais ça n’est probablement pas considéré comme du harcèlement criminel.
- Si c’est ton ex-copain ou copine qui te suit ET qu’il ou elle t’a dit qu’il le ferait jusqu’à ce que vous vous remettiez en couple, c’est du harcèlement criminel.
Même quand on est la personne qui se fait harceler, le harcèlement est parfois difficile à reconnaître. Au début, on peut avoir l’impression que ces gestes sont gentils ou même romantiques, mais au fil du temps, ceux-ci deviennent agaçants et angoissants.
Si tu ne te sens pas en sécurité, parles-en à une amie ou à un adulte de confiance afin qu’elles tiennent la personne qui te harcèle à l’œil. Tu peux aussi alerter la police. Celle-ci pourrait être capable de porter des accusations contre ton harceleur si son comportement est considéré comme du harcèlement criminel. Les policiers auront besoin d’information sur la situation pour décider des actions à entreprendre. Note les événements dans un calendrier, sur papier, à l’ordinateur ou sur ton téléphone, afin de dresser un compte-rendu quotidien de la situation. Il est utile de conserver les cadeaux, les messages sur ta boîte vocale, les publications sur les réseaux sociaux, les textos, les notes, les courriels et toute autre preuve possible des gestes répétés et indésirables dont tu es victime.
Tu peux aussi te rendre au bureau d’une juge de paix, dans n’importe quel palais de justice, pour obtenir un engagement à ne pas troubler l’ordre public. Par cet engagement, une personne est tenue de respecter la paix et d’observer une bonne conduite pour une durée maximale d’un an. Cet engagement implique que la personne ne doit pas tenter de te contacter et qu’elle doit rester à une certaine distance de ton domicile, de ton école, de ton lieu de travail, etc. Si cette personne n’est pas d’accord avec cette demande, celle-ci fera l’objet d’une audience. À la suite de cette audience, la juge déterminera si elle impose ou non l’engagement. Dans certaines provinces, tu peux te procurer une ordonnance de protection. Il te faudra expliquer la situation à une juge de paix qui décidera alors de t’accorder ou non l’ordonnance, selon sa compréhension des événements. L’ordonnance de protection ressemble beaucoup à l’engagement à ne pas troubler l’ordre public, excepté le fait que tu n’as pas à prévenir l’autre personne avant d’en faire la demande.
La violence et les agressions peuvent prendre de nombreuses formes. Bien qu’elles ne causent pas toujours de blessures physiques, elles sont toujours inacceptables. Tu as le droit de ne pas subir de violence, d’agressions ou de blessures, quelles qu’elles soient.
Voici quelques types de violence ou d’agression :
Physique
Quand quelqu’un te touche sans ta permission ou ton consentement (des contacts physiques intentionnels et non désirés avec toi ou avec un objet près de ton corps).
Tu n’as pas besoin d’avoir subi des blessures pour qu’une personne soit accusée d’agression. Par ailleurs, si tu as été blessée par l’agression, la personne fera l’objet d’une accusation plus sévère.
Exemples: Bloquer un cadre de porte, t’agripper quand tu essaies de partir, te donner un coup de pied ou un coup de poing, te mordre, te cracher dessus, te gifler, t’étouffer, menacer de te faire mal, utiliser des armes, lancer des objets, briser des objets, frapper dans une porte ou un mur, conduire dangereusement, te brûler, te couper, te tirer les cheveux, te poignarder, t’étrangler, te pincer, te bousculer, t’attacher ou te séquestrer, t’empêcher d’obtenir des soins médicaux, etc.
Sexuelle
Quand quelqu’un te touche d’une manière sexuelle sans ta permission ou ton consentement.
Exemples: Te toucher les seins, la poitrine ou les organes génitaux (ou tout autre endroit si c’est fait d’une manière sexuelle), te soumettre à des actes sexuels non consentis, te forcer à regarder quelqu’un avoir des rapports sexuels, t’obliger à regarder de la pornographie, te violer, te faire des attouchements sexuels non désirés, passer des commentaires vulgaires, faire pression pour avoir des rapports sexuels avec toi, te forcer à avoir des rapports sexuels non protégés, t’obliger à tomber enceinte, t’obliger à sexter, te contraindre à avoir des rapports sexuels avec d’autres personnes, etc.
Virtuelle
Quand quelqu’un emploie la technologie, comme Internet et les réseaux sociaux pour t’intimider, te harceler ou te faire peur.
Exemples: Te demander tes mots de passe sur les réseaux sociaux, te menacer de publier des photos intimes de toi ou les publier sans ton consentement, créer de faux profils pour surveiller ce que tu fais en ligne, choisir les gens avec qui tu peux être amie sur les réseaux sociaux, te texter continuellement et te faire sentir coupable de ne pas être toujours joignable par téléphone, etc.
Morale
Quand quelqu’un te manipule ou t’humilie.
Exemples: Tourner les choses à son avantage pour que jamais rien ne soit de sa faute et expliquer son comportement par quelque chose que tu as fait ou n’as pas fait, t’accuser de faire des choses que la personne fait elle-même, mentir, te manipuler pour te contrôler ou pour avoir des rapports sexuels avec toi, menacer de dévoiler ton orientation sexuelle à tes parents, à tes amis ou à tes camarades de classe, etc.
Verbale ou émotionnelle
Quand quelqu’un te dénigre, te rabaisse ou te traite de tous les noms.
Exemples: T’insulter, te rabaisser, te faire peur, te faire honte en public, te traiter avec condescendance, ne pas écouter ou respecter tes sentiments, te faire des menaces, t’accuser de ne pas être assez LGBT+ ou assez homme ou femme, te traiter de faible, être jaloux, possessif, contrôlant, te texter continuellement ou t’envoyer des textos menaçants, vouloir lire tes textos, tes courriels, etc., t’espionner, te demander fréquemment ce que tu fais et avec qui, t’accuser d’infidélité, te faire sentir comme s’il fallait toujours te justifier, ne pas respecter ton intimité, t’humilier à cause de ton orientation sexuelle, crier après toi, te lancer des injures, être toujours en train de vouloir se disputer, t’interrompre, parler par-dessus toi, te rabaisser, utiliser des paroles ou un ton menaçants pour t’effrayer, te traiter de tous les noms, t’intimider, se moquer de toi, utiliser un langage abusif, etc.
Financière
Quand quelqu’un t’empêche de dépenser ton argent comme tu le veux ou scrute à la loupe toutes tes dépenses.
Exemples: Retenir ton argent, ouvrir un compte conjoint auquel tu n’as pas accès, te forcer à démissionner, te pousser à te faire congédier, t’humilier sur la manière dont tu dépenses ton argent, ne pas te permettre de travailler ou d’aller à l’école, mettre toutes les factures et les cartes de crédit à ton nom, déposer tes paies dans son compte de banque et refuser que tu y aies accès, t’interdire de travailler ou restreindre le nombre d’heures pendant lesquelles tu peux le faire, provoquer ton congédiement, etc.
N’oublie pas, tu n’es pas seule. Selon le site Internet loveisrespect.org, 1 élève du secondaire sur 10 a déjà été victime de violence de la part de leur partenaire. Il y a certaines choses que tu peux faire. Quand tu auras pris conscience que ces comportements sont inacceptables, adresse-toi à un adulte de confiance, à une amie ou à un membre de ta famille, puis établissez un plan de sécurité ou demande une ordonnance de non-communication. Surtout, ne tente pas d’excuser le comportement violent de quelqu’un.